LE CHATEAU DE REVEL : LE NOUVEAU CENTRE DU POUVOIR. Du XIe siècle à 1789

Après plus de 1000 ans de prospérité comme centre du pouvoir, l’ancienne ville de Turedonum, qui n’est sans doute plus qu’un modeste village autour de l’an 1000, entre sous l’influence du nouveau point fort de l’époque : Revel perché sur la colline toute proche.

A) LES PREMIERS SIECLES DE LA DOMINATION REVELLOISE : du XIe au XIIIe siècle

Dans les mêmes circonstances qui ont amené un petit seigneur local à ériger sa motte-castrale du Châtelard, un autre point fortifié apparaît au XIe siècle sur la colline de Revel. Nous ne pouvons pas affirmer dans l’état actuel des recherches si ces deux fortifications ont coexisté ou si elles se sont succédé dans le temps, en tout cas leur proximité géographique les place dans un contexte similaire. Un château avec sa chapelle est mentionné pour la première fois à Revel vers 1080. Il est alors entre les mains d’une certaine Aldegarde et de son fils Burnon. Ce château se développe et attire rapidement autour de ses fortifications la population des alentours, tout comme ceux de Moras, Bellegarde ou encore Bressieux qui apparaissent à la même époque. Un bourg est mentionné à Revel pour la première fois en 1165. C’est dans celui-ci que fut construite l’église Saint Jean-Baptiste de Revel à laquelle fut attribué un territoire ôté à la paroisse plus ancienne de Tourdan. La famille seigneuriale possédant alors le château prend le nom de Revel. Mais en 1186, elle semble s’éteindre et ce dernier passe alors entre les mains de la famille de la Tour-du-Pin. En 1282, lorsque Humbert de La Tour devient comte d’Albon, la terre de Revel entre dans le domaine delphinal et devient alors une place forte face à la Savoie.

B) REVEL : UNE PLACE FORTE FACE A LA SAVOIE, 1282-1355

Depuis le XIe siècle les possessions des comtes de Savoie et des comtes d’Albon sont entremêlées dans notre région. Les Savoyards possèdent les châteaux de Villeneuve-de-Marc, Faramans, Ornacieux, La Côte-St-André et les comtes d’Albon que l’on nomme également Dauphins de Viennois possèdent ceux de Moras, Albon, St Geoirs… Entre ces deux puissances, de grandes familles seigneuriales comme les Roussillon, les Bressieux ou encore les Beauvoir jouent le rôle de balance s’alliant au gré des circonstances à l’une ou l’autre de ces deux principautés. Pour faire face à la guerre, le bourg de Revel est entièrement encerclé de remparts vers 1330. Le château de Revel étend alors sa domination sur les paroisses de Revel et Tourdan, mais aussi sur celles de Pisieu, Primarette, Saint Julien-de-l’Herms et Monsteroux. Au XIIIe siècle, le mandement de Revel comprend même les territoires de Beaurepaire et de Pommier, mais ces derniers lui furent ôtés lorsque furent créées la ville de Beaurepaire en 1309 et la châtellenie de Pommier vers la même époque. La guerre fut la cause d’une grande instabilité dans la région, mais heureusement la paix est enfin signée en 1355.

C) LE TEMPS DES MALHEURS : XIVe et XVe siècles

Les malheurs n’en sont pas pour autant terminés pour la châtellenie de Revel. Des effets de la guerre de 100 Ans se font parfois sentir comme la bataille d’Anthon en 1430. Mais surtout depuis 1348, sévit la Peste Noire qui décima une grande partie de la population. En 1349, 327 familles vivaient dans le mandement de Revel mais en 1474 il n’en reste plus que 158, environ 50% de la population a disparu en 130 ans. Les XIVe et XVe siècles furent donc éprouvants pour la population de la région qui dut faire face à la guerre et à la peste ce qui engendra la misère, la fuite des paysans, la multiplication des friches, en un mot la ruine du pays. Entre temps, en 1453, le Dauphin Louis II, futur Roi de France sous le nom de Louis XI, homme plein d’ambition, décida d’échanger la seigneurie de Revel ainsi que celle d’Azieu-en-Velin contre la juridiction sur la ville de Vienne que détenait l’archevêque de cette ville.

D) REVEL, SEIGNEURIE DES ARCHEVEQUES DE VIENNE, 1453-1789

En entrant dans le temporel des archevêques de Vienne, la terre de Revel va devenir non plus une source de revenus, mais un objet de tractations financières. Les archevêques oppressent la population par les impôts comme semblent le montrer les nombreux procès intentés par la communauté d’habitants. Le château tombe peu à peu en ruine par manque d’entretien car il n’a plus aucun intérêt défensif. C’est alors qu’en 1565, les archevêques, se trouvant en difficulté financière, décident de vendre leur seigneurie de Revel à Jean-François de Saussac le propriétaire de la Maison-forte de Barbarin. Mais Revel semble alors avoir perdu tout son prestige. En 1566, Jean-François de Saussac décide de démembrer du mandement de Revel la paroisse de Monsteroux qu’il vend à Messire Jean de Chastellier, seigneur de Milieu. En 1588, son héritier Richard-Melchior de Saussac subroge la terre de Revel et de Barbarin à Octavien Emé de St Julien. La châtellenie sera rapidement l’objet de nouvelles transactions : vers 1610 elles est rachetée par les archevêques de Vienne qui en 1735 la vendent à Gabriel-Joachim Dupuy de Murinais lequel possède déjà la maison-forte de Revel (l’actuel foyer rural). C’est l’héritier de cette famille, Claude-Laurent de Murat-Murinais qui sera le dernier seigneur de Revel. Il émigre en 1789. Nos deux villages sont alors unis en 1793 à la paroisse de Pisieu, pour former la commune de Revel-Tourdan-Pisieu. Mais en 1800, celle-ci est à son tour érigée en commune et ainsi naquit la commune de Revel-Tourdan.

Environ 2000 ans se sont donc écoulés depuis l’établissement d’un habitat à Tourdan jusqu’à la création de la commune actuelle. De nombreux événements se sont déroulés, de nombreux hommes ont vécu sur ces terres en laissant leurs traces pour qu’aujourd’hui nous puissions apprécier ces deux charmants villages au riche passé. Respectons ces hommes ainsi que leur mémoire et contribuons à notre tour, à écrire l’histoire de ces lieux.

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